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La photo, de la fulgurance à la résilience  

                    

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C'est dans un esprit résolument libre que Marc tente par la photo de s'ouvrir toujours davantage aux mondes fulgurants qui nous entourent. Aucune immersion dans les zoos, aucun groupe de photo ne ponctuent son parcours: il s'introduit dans les divers environnements pour capter cette beauté toujours fuyante, mais toujours prête à être débusquée. Et toujours dans un but non lucratif.

Sa passion commence en 1975, à l'âge de 14 ans, par une expérience de photographe culturel et sportif à la Polyvalente d'Alma, expérience qui lui a donné envie de faire des études collégiales à Matane en photographie. La vie l'a conduit vers des chemins inattendus: la photo est devenue, en plus d'une passion, une zone de combat. Pour exprimer, pour rendre compte, pour faire connaître, et aussi contre l'absurdité, contre la cruauté, contre l'ignorance.

En effet, en 1984, il devient photographe au sein des Forces armées canadiennes. Même s'il n'avait pas le rang requis pour le devenir, car il était simple soldat, on l'a nommé photographe officiel. Envoyé à Bruxelles pour les forces navales de l'Atlantique, 13 mois en mer, pour ensuite participer à un livre commémoratif pour l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Retour à Halifax comme photographe sur une base navale pendant 8 ans, puis transféré à Ottawa au "quartier général des photographes", comme on le nommait alors. Il devient alors photographe-caméraman pour la guerre du Golfe en 1990-1991. C'est là que la photographie de combat devient véritablement son premier rôle: il fait partie des photographes de ce qu'on appelait alors "MOPIC" (Motion Picture).

Cette expérience signe ce qu'on pourrait appeler "le temps de la rupture": un diagnostic d'état de stress post-traumatique après la guerre du Golfe. Ce qui ne l'empêche pas par la suite de côtoyer de près l'aberrante cruauté humaine. Envoyé en Bosnie pour une période de 6 mois, au sein d'une guerre ethnique opposant Serbes, musulmans et Croates, en tant que soldat de la paix (peacekeeper), il est fait prisonnier de guerre. Pendant 18 jours, parmi 48 prisonniers, 21 enfermés dans une même cellule. Fréquenter de très près la terreur répandue par l'homme ne se termine pas après sa libération: il est pris en otage à l'aéroport de Sarajevo pendant 3 jours, avec une vingtaine d'autres personnes, au cours d'un transfert de civiles et civils de différentes ethnies. Pourtant, quelques années plus tard, après la signature des accords de Dayton, il retournera en Bosnie dans l'enclave de Bihac, pour démontrer visuellement les progrès des accords en question.

Son retour au Canada lui permet de sillonner le pays pour montrer le travail des forces armées. Il est ensuite envoyé à Bagotville où il devient superviseur à la section de l'imagerie. C'est une période de haut vol: une quarantaine d'heures passées en F-18 à titre de photographe, qui finissent par faire place à la guerre du Kosovo. Il est envoyé en Italie sur la base d'Aviano où se lance une frappe aérienne contre le Kosovo.

La photo comme combat se poursuit, doublée du film, toujours comme tremplin pour mieux dire, mieux montrer. Mais du haut des airs comme tapi à ras de terre, il reste dominé par la rupture: son état de stress post-traumatique ne s'est jamais amélioré. Et parce qu'il empirait, après un peu plus de 18 ans de services, il est remercié.

Il choisit alors, sûrement pour trouver un sens autre à la vie, de faire un diplôme d'études collégiales (DEC) en soins infirmiers, un peu intensément: 19 mois d'études au lieu des 36 prévus. Il s'est rendu jusqu'à l'étape de candidat à l'exercice de la profession infirmière (CEPI), mais le coeur demeurant tourné vers la photo, il a abandonné.

La photo a marqué en lui ses zones de combat destructrices. Mais la photo a ouvert en lui des chemins vers la beauté et la vérité multiples, une sensibilité à fleur de peau, de coeur et d'oeil pour toujours démasquer beauté et vérité derrière les apparats de la mort. La photo, à la fois cause et remède; la photo comme lieu de rupture et de résilience.

Aujourd'hui, c'est toujours avec un esprit libre et sa fidèle compagne de vie qu'il parcourt le monde en quête de cette beauté qui ne fait jamais défaut. Par la photo, c'est aussi sa fierté de la ville de Québec qu'il peut mettre en valeur: il est l'un des photographes officiels et bénévole pour divers événements, dont le Transat Québec-Saint-Malo 2016, le Festival d'été de Québec (éditions 2017 et 2018), le Carrefour international de théâtre de Québec 2018. Ses photos ont été publiées dans plusieurs magazines et journaux internationaux, surtout pour Reuters et la défunte Associated Press. Il a aussi offert près d'une dizaine de conférences au Saguenay-Lac-Saint-Jean sur la photo de combat; il a donné son appui à des causes humanitaires. Et des rencontres marquantes se sont dessinées au fil du temps: Catherine Leroy, première femme photographe de combat au Vietnam; Christiana Amanpour, chef de bureau pour CNN International.

Il est également fier que Mouvement Chicoutimi aient choisi l'une de ses photos pour créer un timbre-poste, fier de ses images publiées à plusieurs reprises dans la presse canadienne comme de son profil sur le site de National Geographic (voir "Your shot - National Geographic" dans la section "À propos"). C'est avec autant de fierté que de reconnaissance, au centre de la résilience et malgré les détresses et cruautés, qu'il a accueilli aussi 6 médailles décernées pour marquer sa participation aux différents conflits.

Oui, plusieurs mondes, et non un seul, nous entourent. Oui, et à bien des égards, ils sont fulgurants, parsemés d'ombres et de lumières, traversés de tous les éclairs possibles. La photo a toujours été le creuset le plus riche pour contenir toute cette immensité: autour de soi, en soi, et entre nous tous.

François Mireault

(d'après les propos de Marc)

​© 2016 par  GiSy Web

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